Le court manuscrit enluminé du Dialogue sur le jeu de François Demoulins (1505) renseigne sur le projet d’inculquer à un adolescent de l’élite (François d’Angoulême) des valeurs issues de la philosophie classique et de la théologie chrétienne, sous le regard de sa mère Louise de Savoie. Avant même d’accéder aux plus hautes responsabilités sous François Ier (sans y être prédestinée par une haute naissance ou un mariage princier), la comtesse douairière, souveraine de plusieurs terres, mécène bibliophile et tutrice de ses enfants, vit à proximité du pouvoir à la cour d’Amboise. L’identification de Madame à la vertu éminemment politique de Prudence dans ce Dialogue et dans des textes ultérieurs (Thenaud) ferait-elle écho à sa quête de légitimité pour briguer précocement la fonction de régente, dans un contexte tacite de concurrence avec Anne de Bretagne ? La revendication paraît d’autant plus d’actualité que la santé dégradée de Louis XII et son absence de descendance mâle rendent plausible une situation de minorité royale en faveur du jeune Angoulême.